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Jaser, jaser, jaser  |  10 mars 2010 2 commentaires
Peindre c’est un peu comme la vie

Hier soir je peignais une toile, j’accouchais (ce n’est presque pas un euphémisme!) d’une image que j’avais en tête depuis plusieurs jours et qui commençait à crier fort pour en sortir. Une image inspirée par  @_swann qui m’a demandé une toile pour sa fête (il y a des mois de ça!). Presque 3 semaines à la peindre dans ma tête, à ajouter des couleurs. Je la voyais tellement bien, elle me hantait et, dans ma tête, elle était magnifique, contrôlée et sentie comme je les aime…

Mais voilà, quand j’ai voulu la sortir, tel un print de mon cerveau, je n’ai réussi qu’à en faire une pâle copie!

En fait, j’ai commencé par tracer méticuleusement ce que j’avais en tête: du rose ici, le motif là, le corps couché. Exactement au bon endroit, comme je le voyais. Mais rien n’allait. Les couleurs n’étaient pas aussi vibrantes, la composition si différente, le corps en aplat, sans vie et sans âme. Découragement.

Pause Facebook.

Rien à faire, ça sentait la toile qui allait se retrouver accotée, non terminée, sur le mur.

Puis, alors que je commençais à laver mes pinceaux je me suis dis : « oh puis merde, tant qu’à l’entreposer dans un coin, autant avoir du fun à la scrapper…10$ de toile c’est encore moins cher qu’une soirée au cinéma! »

Et puis, c’est parti. Du bleu ici, le tracé noir du final au début (tant pis si je le fais avant le blanc, j’ai le pinceau de noir dans les mains), un sein qui apparait indécent (pas le mien, celui du modèle!), des coeurs brisés, de la peinture délavée qui coule. C’est une peine c’est clair, une tristesse infinie, du style : j’ai le goût de rester couchée pour toujours ou plutôt : je me donne, mais avec tellement de mélancolie parce que je sais où ça va me mener. Et puis, un final en pastel grasse noire (je manque de noir, tant pis, je termine en bleu), du gris qui coule encore, ma toile se met à pleurer.

Voilà, c’est fini. Le buzz d’énergie est parti. Dans ces moments là, même s’ils sont déjà ouverts, j’ai toujours l’impression que j’ouvre les yeux, comme si ce n’était pas moi qui peignait 1 minute plus tôt. Et puis je découvre le résultat, toujours étonnée de ce que je réussis à coucher sur une toile. Un mélange de fierté et de « J’ai vraiment fait ça? »

Hier j’ai fait un Paint Rescue et je me suis dit :  « Peindre c’est comme la vie. »

Il faut arrêter de penser un moment donné et foncer. La vie peut devenir une belle image dans notre tête, tellement que ça devient difficile de la reproduire au réel. Ça peu devenir tellement beau et tellement gros que le premier pas dans la réalité nous paraît si insignifiant qu’il donne le goût d’abandonner. On se cré facilement nos propres montagnes, nos propres obstacles à traverser.

Quand c’est trop organisé, ça ne goûte plus rien. Les choses peuvent vraiment être faites à la perfection, organisées, classées, observées, précisées et calculées, pour reproduire l’image parfaite qu’on a en tête, mais le résultat manque de vie, de couleurs, de senti. C’est contrôlé, ce n’est pas vécu.

Prendre une pause et voir avec une autre perspective. Quand ça ne semble pas vouloir aller comme l’image qu’on s’était faite, prendre une pause, du recul, savoir modifier le parcours et replonger d’une autre façon donne souvent des résultats inattendus et intéressants (et là, je sais de quoi je parle!).

S’abandonner, c’est la clé et ça ne fait pas mal. Vivre sans la peur de perdre, avec un sentiment que quoi qu’il arrive, tout va s’arranger, s’effacer, se repeindre d’une autre couleur. Traverser le pont quand on sera rendu à la rivière, laisser les choses arriver, arrêter de provoquer, contrôler. Se laisser guider, transporter.

Peindre c’est comme vivre. Au final, ouvrir les yeux, regarder et être fière. Se dire : « J’ai vraiment fait ça moi? »

2 Commentaires

Isabelle Benoit - 26 novembre 2010 à 1h49

Je t’adore ma chum ! Merci d’être aussi vraie. Tu me fais du bien. Love ya !

Stéphanie Mercier - 14 décembre 2010 à 4h15

Merci! J’avais justement besoin de lire ce genre de récit! Et mon mantra pour les prochaines semaines:

« Traverser le pont quand on sera rendu à la rivière, laisser les choses arriver, arrêter de provoquer, contrôler. Se laisser guider, transporter. »

Amen Web Ménagère! Parce qu’à moi aussi, tu me fais du bien! xxx

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